J’ai fait une rencontre étonnante il y a quelques jours. Pour la première fois en quatre ans, j’ai revu mon ex-mari en dehors des tribunaux et des assises. La situation m’a semblé étrangement naturelle. Je n’étais ni anxieuse, ni gênée. J’étais même peut-être contente de le voir. Il avait bonne mine. Notre conversation était apaisée. J’ai eu l’impression de discuter avec un vieil ami. Tout d’un coup je me suis souvenue pourquoi j’avais épousé cet homme. J’aimais discuter avec lui. J’aimais ses mots d’esprit. Et ses blagues, pas du tout drôles la plupart du temps, me faisaient rire. En nous voyant, quelqu’un qui ne nous connaissait pas aurait pu penser que nous étions de bons amis et pourtant… C’était l’homme que je m’étais juré de détester de toutes mes forces jusqu’à la fin de ma vie.
Depuis ce jour fatidique de janvier 2018 jusqu’à aujourd’hui, je sais très peu de choses de la façon dont il a vécu notre séparation. Je l’ai vu refaire sa vie, se remarier, devenir papa une nouvelle fois. De l’extérieur il semble heureux et je crois qu’il l’est réellement. De mon point de vue les choses ont été bien différentes.
Mon divorce a été une épreuve. Aujourd’hui encore je peux dire que c’est la pire chose qui me soit arrivée. Curieusement cela n’a rien à voir avec lui mais tout à voir avec moi. Au fond je pense qu’il a été le plus lucide de nous deux et qu’il a pris la bonne décision mais ce divorce a bouleversé ma vie. J’ai perdu tous mes repères et mes certitudes. Tout d’un coup je ne savais plus qui j’étais. Je pensais être quelqu’un de bien. Je pensais être une femme exceptionnelle et voilà qu’un homme me rejetait. Et le pire : je ne savais même pas pourquoi. J’ai dû entreprendre un long travail d’introspection pour répondre à cette simple question : Pourquoi ?
Aujourd’hui je sais pourquoi il m’a quitté. Il m’a quitté pour la même raison que beaucoup d’hommes quittent des femmes qui ont tout pour plaire et qu’ils aiment peut-être sincèrement : elles ne comprennent pas les hommes. Je ne comprenais pas les hommes. Malgré mes diplômes et mes réflexions hautement intellectuelles, je n’avais absolument aucune idée de ce qu’un homme pouvait attendre de moi. Je n’avais aucune idée de qui était l’homme que j’avais épousé, de ce qu’il pensait secrètement, de ce qui le tourmentait, de ce qu’il désirait ardemment.
Je ne dirais pas que tout était ma faute cependant. Si je ne savais pas toutes ces choses c’est parce qu’ils ne les avaient jamais exprimées, s’attendant certainement à ce que je les devine. Tout autant que les femmes, les hommes commettent l’erreur de penser que les gens qui les aiment sont censés deviner ce qui les tourmentent sans même qu’ils l’expriment. Il y avait beaucoup d’immaturité dans notre façon à tous les deux de voir la vie mais ceci était aggravé par quelque chose que j’ai découvert plus tard sur les hommes.
Par rapport aux femmes les hommes sont particulièrement handicapés lorsqu’il s’agit de communiquer leurs émotions. Une étude réalisée à l’université du Maryland, a identifié qu’une protéine, la FoxP2, plus présente chez les filles que chez les garçons, leur donne un avantage biologique pour la communication. Ceci expliquerait pourquoi les petites filles prononcent leurs premiers mots plus tôt que les petits garçons et ont un vocabulaire plus varié en moyenne. Les hommes ont tout simplement un désavantage biologique en matière de communication, aggravé par une socialisation qui les encourage à être totalement déconnectés de leurs émotions.
Cette information m’a donné une perspective toute nouvelle de la situation. Il ne s’agissait pas de dédouaner la gent masculine dans son entièreté de faire le moindre effort de communication mais d’un coup d’un seul j’ai revu toutes ces conversations qui se terminaient en queue de poisson, ces non-dits, ces attitudes passives-agressives que je ne comprenais pas. J’ai revu tous ces épisodes où j’aurais pu prendre une voie différente et lui donner plus d’espace pour s’exprimer, faire preuve de patience.
Mon divorce m’a rendu curieuse. Je voulais comprendre les hommes. Au fil des années j’ai regardé des documentaires, écouté des podcasts, épluché la littérature. Je dois admettre que les deux premières années, il s’agissait surtout pour moi de m’assurer que le prochain mariage serait le bon. Puis j’ai compris que je ne pourrais jamais le faire sans admettre ma part de responsabilité dans la débâcle de mon premier mariage. C’est à partir de ce moment que ma transformation s’est vraiment opérée. J’ai tout déterré, tout analysé. De ma première relation amoureuse à mon enfance. J’ai revécu les microtraumatismes et les grandes déceptions. Pour la première fois de ma vie, j’ai lu et j’ai écouté des hommes exprimer de manière intelligible ce que les hommes ressentent.
Je peux dire aujourd’hui que mon divorce a fait de moi une meilleure personne, plus empathique. Surtout, il a aussi fait de moi une femme plus sûre de moi et de ma valeur. Même si j’ai fait de nombreuses erreurs, je sais que j’ai fait de mon mieux avec les informations que j’avais. Je sais aujourd’hui que tout comme lui, je méritais de la compassion. Je méritais une personne qui m’autorise à commettre des erreurs et à grandir. Je méritais de la patience. Je méritais le pardon. Je méritais l’amour que j’étais en droit d’attendre de mon mari.
Quatre années de travail sur moi-même ont fait de moi la femme que je suis devenue, une femme capable de pardonner sincèrement et de tourner la page définitivement. Alors quand j’ai revu mon ex-mari la semaine dernière, j’ai compris que j’étais arrivée exactement à l’endroit où j’étais censé être. J’avais appris ce que j’étais censé apprendre et il en était exactement au même point que moi. Cette séparation nous a changé tous les deux. Je dirais même qu’elle nous a guérit tous les deux.
Un divorce, comme n’importe quelle épreuve de la vie, peut être deux choses : soit une bénédiction, soit une malédiction. Tout dépend de l’attitude que nous choisissons d’adopter. J’ai choisi d’apprendre de mes erreurs. J’ai choisi de m’ouvrir plutôt que de m’isoler. J’ai choisi d’être responsable de mon destin plutôt que d’être victime du sort. Cette épreuve m’a préparé pour l’homme de ma vie. Je ne l’ai pas encore rencontré mais j’en suis heureuse parce que je n’aurais pas su être une bonne femme pour lui si je l’avais rencontré il y a deux ans ou il y a un an seulement. Aujourd’hui je suis enfin prête à l’accueillir dans ma vie.
J’aurais pu écrire cet article il y a quelques années. D’ailleurs j’y ai pensé plus d’une fois mais je réalise aujourd’hui que ça n’aurait pas été le bon moment. Le meilleur moment pour écrire cet article était aujourd’hui après avoir accepté ma colère, après avoir découvert qui j’étais, après avoir compris où j’allais, après avoir pardonné, après avoir appris des hommes, après avoir honoré ma féminité.
Tres bel article Marie-Noelle.
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Merci d’avoir pris le temps de lire ❤️
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Merci, il m’a permis de faire une introspection de ce que j’ai vecu. Et au fond j’ai ma part de responsabilité, merci pour ce témoignage.
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C’était le but de ce partage. Permettre aux autres femmes d’amorcer cette réflexion et de se donner toutes les chances de réussir dans leur vie de couple. Merci d’être passée par ici ce matin ❤️
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Très belle plume 🙂
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Merci Annick 🥰
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Très beau article, savoir reconnaître ses erreurs et décider d’avancer👌
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Très belle article, tes paroles résonnent en moi avec la situation que je vis aujourdhui. Merci
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Article très bien écrit, très intéressant et surtout plein de vérités. Merci.
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